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==ACTE II, SCENE PREMIERE==
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==ACTE I, SCENE PREMIERE==
  
Géronte : Oui, sans doute, par le temps qu’il fait, nous aurons ici nos gens aujourd’hui ; et un matelot qui vient de Tarente m’a assuré qu’il avoit vu mon homme qui étoit près de s’embarquer. Mais l’arrivée de ma fille trouvera les choses mal disposées à ce que nous nous proposions ; et
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Octave : Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un coeur amoureux ! Dures extrémités où je me vois réduit ! Tu viens, Silvestre, d’apprendre au port que mon père revient ?
ce que vous venez de m’apprendre de votre fils rompt étrangement les mesures que nous avions prises ensemble.
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Argante : Ne vous mettez pas en peine : je vous réponds de renverser tout cet obstacle, et j’y vais travailler de ce pas.
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Silvestre : Oui.
  
Géronte : Ma foi ! Seigneur Argante, voulez-vous que je vous dise ? L’éducation des enfants est une chose à quoi il faut s’attacher fortement.
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Octave : Qu'il arrive ce matin même ?
  
Argante : Sans doute. à quel propos cela ?
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Silvestre : Ce matin même.
  
Géronte : à propos de ce que les mauvais déportements des jeunes gens viennent le plus souvent de la mauvaise éducation que leurs pères leur donnent.
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Octave : Et qu’il revient dans la résolution de me marier ?
  
Argante : Cela arrive parfois. Mais que voulez-vous dire par là ?
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Silvestre : Oui.
  
Géronte : Ce que je veux dire par là ?
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Octave : Avec une fille du seigneur Géronte ?
  
Argante : Oui.
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Silvestre : Du seigneur Géronte :  
  
Géronte : Que si vous aviez, en brave père, bien moriginé votre fils, il ne vous auroit pas joué le tour qu’il vous a fait.
+
Octave : Et que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela ?
  
Argante : Fort bien. De sorte donc que vous avez bien mieux moriginé le vôtre ?
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Silvestre : Oui.
  
Géronte : Sans doute, et je serois bien fâché qu’il m’eût rien fait approchant de cela.
+
Octave : Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle ?
  
Argante : Et si ce fils que vous avez, en brave père, si bien moriginé, avoit fait pis encore que le mien ? Eh ?
+
Silvestre : De votre oncle.
  
Géronte : Comment ?
+
Octave : à qui mon père les a mandées par une lettre ?
  
Argante : Comment ?
+
Silvestre : Par une lettre.
  
Géronte : Qu’est-ce que cela veut dire ?
+
Octave : Et cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires.
  
Argante : Cela veut dire, seigneur Géronte, qu’il ne faut pas être si prompt à condamner la conduite des autres ; et que ceux qui veulent gloser, doivent bien regarder chez eux s’il n’y a rien qui cloche.
+
Silvestre : Toutes nos affaires.
  
Géronte : Je n’entends point cette énigme.
+
Octave : Ah ! Parle, si tu veux, et ne te fais point, de la sorte, arracher les mots de la bouche.
  
Argante : On vous l’expliquera.
+
Silvestre : Qu'ai-je à parler davantage ? Vous n’oubliez aucune circonstance, et vous dites les choses tout justement comme elles sont.
  
Géronte : Est-ce que vous auriez ouï dire quelque chose de mon fils ?
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Octave : Conseille-moi, du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures.
  
Argante : Cela se peut faire.
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Silvestre : Ma foi ! Je m’y trouve autant embarrassé que vous, et j’aurois bon besoin que l'on me conseillât moi-même.
  
Géronte : Et quoi encore ?
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Octave : Je suis assassiné par ce maudit retour.
  
Argante : Votre Scapin, dans mon dépit, ne m’a dit la chose qu’en gros ; et vous pourrez de lui, ou de quelque autre, être instruit du détail. Pour moi, je vais vite consulter un avocat, et aviser des biais que j’ai à prendre. Jusqu’au revoir.
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Silvestre : Je ne le suis pas moins.
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Octave : Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d'impétueuses réprimandes.
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Silvestre : Les réprimandes ne sont rien ; et plût au ciel que j'en fusse quitte à ce prix ! Mais j’ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies, et je vois se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules.
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Octave : ô ciel ! Par où sortir de l'embarras où je me trouve ?
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Silvestre : C'est à quoi vous deviez songer, avant que de vous y jeter.
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Octave : Ah ! Tu me fais mourir par tes leçons hors de saison.
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Silvestre : Vous me faites bien plus mourir par vos actions étourdies.
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Octave : Que dois-je faire ? Quelle résolution prendre ? à quel remède recourir ?
  
  
 
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Version du 20:42, 19 balemeaksat 2008

ACTE I, SCENE PREMIERE

Octave : Ah ! Fâcheuses nouvelles pour un coeur amoureux ! Dures extrémités où je me vois réduit ! Tu viens, Silvestre, d’apprendre au port que mon père revient ?

Silvestre : Oui.

Octave : Qu'il arrive ce matin même ?

Silvestre : Ce matin même.

Octave : Et qu’il revient dans la résolution de me marier ?

Silvestre : Oui.

Octave : Avec une fille du seigneur Géronte ?

Silvestre : Du seigneur Géronte :

Octave : Et que cette fille est mandée de Tarente ici pour cela ?

Silvestre : Oui.

Octave : Et tu tiens ces nouvelles de mon oncle ?

Silvestre : De votre oncle.

Octave : à qui mon père les a mandées par une lettre ?

Silvestre : Par une lettre.

Octave : Et cet oncle, dis-tu, sait toutes nos affaires.

Silvestre : Toutes nos affaires.

Octave : Ah ! Parle, si tu veux, et ne te fais point, de la sorte, arracher les mots de la bouche.

Silvestre : Qu'ai-je à parler davantage ? Vous n’oubliez aucune circonstance, et vous dites les choses tout justement comme elles sont.

Octave : Conseille-moi, du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures.

Silvestre : Ma foi ! Je m’y trouve autant embarrassé que vous, et j’aurois bon besoin que l'on me conseillât moi-même.

Octave : Je suis assassiné par ce maudit retour.

Silvestre : Je ne le suis pas moins.

Octave : Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d'impétueuses réprimandes.

Silvestre : Les réprimandes ne sont rien ; et plût au ciel que j'en fusse quitte à ce prix ! Mais j’ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies, et je vois se former de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules.

Octave : ô ciel ! Par où sortir de l'embarras où je me trouve ?

Silvestre : C'est à quoi vous deviez songer, avant que de vous y jeter.

Octave : Ah ! Tu me fais mourir par tes leçons hors de saison.

Silvestre : Vous me faites bien plus mourir par vos actions étourdies.

Octave : Que dois-je faire ? Quelle résolution prendre ? à quel remède recourir ?