Balaibalan

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  Balaibalan
Balaibalan
 
Année de création 1574
Auteur Muhyi-i Gülşeni
Régulé par
Nombre de locuteurs aucun actuellement, mais anciennement l'ensemble de la confrérie Gülşen.
Parlé en
Idéomonde associé non
Catégorie Langue auxiliaire
Typologie Langue a priori
Alphabet Perso-Arabique et Latin (transcription)
Lexique
Version
Codes de langue
ISO 639-1
ISO 639-2
ISO 639-3
Préfixe Idéopédia IDEO_BLB

Le Balaibalan, Balibilen, Bala-i-Balan, Balaïbalan ou encore Bâleybelen (بَلَیبَلَن) est une idéolangue créée en 1574 par Muhyi-i Gülşeni (ou Moḥyi Moḥammad Golšani, selon les orthographes, en turc ottoman محيي گلشني ) <ref> Princeton Digital Library of Islamic Manuscripts </ref>. Sa description est contenue dans l'unique œuvre en bâlaybalan : un dictionaire (Ketāb aṣl al-maqāṣed wa faṣl al-marāṣed ou, en bâlaybalan transcrit avec l'alphabet latin : Ḏātayvakšā vaḥātaybakšā <ref> BĀLAYBALAN LANGUAGE sur Encyclopaedia Iranica </ref>, de Sacy donne le nom suivant اصل القا صد وفصل الر اصد, en simplifié Kitab-i Baleybelen, كتاب باليبلن) <ref> Notice et extraits des manuscrits de la bibliothèque nationale </ref>. Il regroupe des travaux kabbalistiques du sous-ordre soufi Gülşen (گلشني) (lui même dépendant de l'ordre ﺧﻠﻮﺗﻴـة, Khalwatiyya) destinés à reconstruire la langue originelle d'Adam et Ève parlée avant la dispersion biblique de la Tour de Babel, cette langue inventée s'inscrit dans la tradition du soufisme.

Historique

La langue bâlaybalan fut crée par Muhyi-i Gülşeni (1528-1605), un membre de l'ordre soufi Gülşen, et cela probablement au Caire. Il est cependant important de noter que selon le dictionnaire lui-même, le lexique ne fut pas élaboré par un seul homme mais par plusieurs membres de l'ordre. La langue est basé sur le persan, le turc et l'arabe. <ref> Bâleybelen sur wikipédia</ref> Il existe aujourd'hui deux manuscrits du dictionnaire l'un conservé à la BNF l'autre à la Princeton University Library <ref> Bâleybelen sur wikipédia </ref>, tous deux écrits en style riq'ah رقعة . Le bâlaybalan fut connu en occident grâce à l'orientaliste Louis Jacques Rousseau qui décrit le manuscrit à Silvestre de Sacy qui se chargea d'en faire la description dans les Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Impériale en 1813 <ref> Notice et extraits des manuscrits de la bibliothèque nationale</ref>. Le manuscrit comporte plusieures parties la première traitant des verbes (dans leur forme infinitive ou ḏāt ذات) la deuxième des substantifs, de la voix verbale et des conjugaisons, la troisième des causatifs et des réflexifs, la quatrième des verbes "Sarfü'l-vücûh", la cinquième des pronoms, la sixième de la syntaxe, la septième étant le dictionnaire à proprement parler. <ref> Article décrivant le bâlaybalan sur un site turc, kimdir hayatı eserleri, dédié à la littérature </ref>

Il existe aussi un "nouveau bâlaybalan" (Yeni Baleybelen en turc et ینی بَلَیبَلَن en alphabet ottoman) crée par Ersen Yeşer, un idéolinguiste turc. Cette langue est inspirée du bâlaybalan du XVIème siècle mais ne possède pas de liens directs avec la langue originale. La grammaire semble être inspirée de celle du turc et le système d'écriture utilisé est l'alphabet latin (variante turque) bien que l'alphabet perso-arabique soit occasionnellement employé. Le vocabulaire semble être emprunté à plusieurs langues mais, dans la plupart des cas l'origine est assez difficle à identifier. Ce nouveau bâlaybalan semble être relativement récent mais son créateur est particulièrement actif sur internet (you tube, facebook, blog wordpress...) <ref> Informations obtenues auprès du créateur, contactable sur sa page facebook</ref>

Alphabet & prononciation

L'alphabet utilisé est l'alphabet perso-arabique (dans sa variante ottomane ou لسان عثمانى et dans le style riq'ah, رقعة, le style cursif de l'empire ottoman) et ses 33 lettres. On y trouve les consonnes emphatiques de l'arabe bien que ses dernières ne soit pas différenciées des non-emphatiques par les turcs aussi bien que par les persans. Cela nous permet toutefois de repérer facilement les mots tirés de l'arabe. On observe aussi l'usage de sons typiquement turcs tels que /c/ ou/ɟ/, allophones à l'initiale de /k/ et /g/. Globalement l'inventaire phonologique est très proche de celui du turc ottoman.

Le répertoire vocalique semble assez proche de celui du turc et du persan avec trois voyelles longues ā, ī et ū et trois courtes : a, e et o. Des diphtongues sont aussi présentes avec <ay> <aw> <ew> <ey> et <ow> (probable inspiration persane où l'on trouve /ej/, /aw/, /ow/, /aj/, /ɒj/, /oj/, /uj/ /aj/~/ej/ et /aw/~/ow/, selon les régions). La syllabe bâlaybalan ne peut commencer par un groupe de consonnes mais peut finir par des construction de type CC, en résumé elle est donc de type CV(V)C(C). Il est bon de noter que nous n'avons aucun moyen de savoir comment ces voyelles étaient réellement prononcées : à la turque? à l'arabe? comme en persan (où ā = /ɒ:~ɒ/ et a = /æ/)? Il y a cependant de fortes chances pour que les voyelles aient été prononcées à la turque où ā vaut /a:/, ī /i:/ et ū /u:/. Une hypothèse souvent avancée pour la prononciation des voyelles est que ces dernières aient été déterminées par l'usage de consonnes emphatiques, comme dans l'alphabet ottoman. C'est à dire qu'une consonne emphatique précédait toujours une voyelle arrière (a i o u) alors que les non-emphatiques étaient toujours suivies d'une voyelle avant (e ü ö i). Dans ce dernier cas le bâlaybalan aurait possédé une forme d'harmonie vocalique.

Les noms des lettres de l'alphabet sont originaux et diffèrent de leur noms classiques arabo-persiques. La transcription utilisée peut être basée sur celle du turc moderne (cédilles) ou la transcription orientaliste classique, les deux sont donnés dans l'article. Les voyelles longues sont notées avec des circonflexes (â) ou des macrons (ā).

ā anā ا [aː]

’ amam ء

b bar ب [b]

p pī پ [p]

t tir ت [t]

s sam ث [s]

c ou j cā ج [dʒ]

ç ou č çī چ [tʃ]

ḥ ḥā ح [h]

x xav خ [h]

d dav د [d]

ẕ ẕav ذ [z]


r ran ر [ɾ]

z zan ز [z]

j ou ž jī ژ [ʒ]

s sir س [s]

ş ou š şir ش [ʃ]

ṣ ṣad ص [s]

ż żad ض [d]

ṭ ṭī ط [t]

ẓ ẓī ظ [z]

‘ ‘ī ع -

ġ ġī غ [g]

f fin ف [f]

q qin ق [k]

k kin ك [c~k]

g gī گ [ɟ~g]

ñ gim ڭ [ɲ]

l lā ل [l] et [ɫ]

m mā م [m]

n nā ن [n]

ū, v var و [uː] [v] et [w]

h hir ه [a] et [h]

y, ī yam ی [j] et [iː]


Tout comme l'alphabet arabe traditionnel, le bâlaybalan utilise la ligature "lam-alif" : لا pour le son lā.


A noter que, dans le texte d'origine, des signes de vocalisation sont présents (حَرَكَات, ḥarakāt en arabe):

  • fatḥa : représente un a court : کَ ka
  • kasra : représente un i ou e court : کِ ki
  • ḍamma : représente un u ou o court : کُ ku
  • sukūn : permet de marquer les diphtongues en /aj/ et en /aw/ : کیْ kay ou کوْ kaw.

Morphologie

Le mot bâlaybalan semble être basé sur le système sémitique avec des radicaux consonantiques (jamais plus de trois consonnes par radical). Les voyelles donnent d'autres informations telles que la classe grammaticale du mot en question. L'originalité du bâlaybalan est d'avoir incorporé à ce système de nombreuses agglutinations (comme un turc). Les désinences sont contenues dans ses affixes.

Grammaire

Tout comme en turc et en nouveau persan (mais contrairement à l'arabe) le bâlaybalan ne possède pas de genres.

Le nom

Les noms possèdent des flexions indiquant leur nombre ou servant de déterminant (comme en persan ou on utilise des suffixes). Les sujets ne sont pas marqués alors que les objets le sont par un certains nombre de prépositions tel que r- que l'on doit faire correspondre avec la postposition persane râ marquant l'objet direct d'un verbe transitif.

Lorsqu'un nom est mit en relation avec un autre par le biais d'une relation d'attribution, on utilise le suffixe -(v)a (le v est utilisé si le dernier son du nom auquel il est apposé est une consonne), par exemple "le nom de dieu" se dit : gewzā-va ynašā. Ce système est bien entendu à mettre en relation avec le système de l'ezâfe persane.

Le nombre (singulier ou pluriel) est quand à lui marqué par l'absence de suffixe au singulier et le suffixe -ā au pluriel.

L'article est, comme dit plus haut, noté grâce à des préfixes. L'article définit correspond au préfixe y(a)- alors que les indéfinis ne sont pas marqués. Comme en arabe les noms gouvernant des relations génitives ne sont jamais marqués comme définis. Ce même préfixe ya- permet de former des noms à partir de verbes, par exemple "le clément" se dit yafanān (يفنان) et est constitué avec ya et fanām (فنام), être clément.

Les pronoms

Les pronoms du bâlaybalan distinguent deux nombres et trois personnes. Les pronoms sont, comme en turc ou en persan des suffixes. Un démonstratif est utilisé : čonā/čunā (čonāyā/čunāyā au pluriel), il possède la particularité d'être invariable.

Les verbes

Les verbes possèdent trois temps : passé, présent continu et futur simple. Ce système, fort simple n'est pas inspiré par une langue en particulier. Le bâlaybalan possède aussi deux voix : passive et active ainsi qu'un mode impératif. L'impératif est marqué en n'utilisant la forme la plus pure du radical (comme en turc à la deuxième personne). L'infinitif (ḏat) est formé en ajoutant le suffixe -(a)m (comme en turc ou on rajoute -mek ou -mak, ou en persant avec -dan ou -tan). Le passé est formé avec le suffixe -as. Comme en turc la copule peut être une enclitique : -r. Le bâlaybalan utilise une préposition (la) pour marquer le négatif. Le bâlaybalan possède aussi des affixes lui permettant de faire des dérivations. Par exemple l'infixe -n- permet permet de "transitiver" des verbes intransitifs. Par exemple, vazam, commencer, peut devenir transitif vaznam et signifie alors "introduire". Le processus inverse peut être réalisé grâce à l'infixe -z-.

Syntaxe

La syntaxe du bâlaybalan se rapproche de celle de l'arabe par plusieurs traits. Effectivement tout deux notent toujours le déterminant et le nombre, tout deux utilisent des prépositions plutôt que des postpositions (beaucoup plus courantes en turc et en persan) et tout deux utilisent l'ordre de base VSO (au lieu d'SOV pour le persan et le turc). Cependant force est de constater que ces quatre langues (bien qu'appartenant à des familles linguistiques très diverses : afro-asiatique pour l'arabe, indo-européen pour le persan et altaïque pour le turc) possèdent quelques caractéristiques communes que l'on retrouve en bâlaybalan. Par exemple ils n'utilisent que rarement des pronoms indépendants, préférant marquer la personne dans leurs terminaisons.

Lexicologie

Le lexique du bâlaybalan a été crée à priori avec quelques exceptions crées à postériori en se basant notamment sur l'arabe.

Chiffres et nombres

Échantillon

Exemple de texte

(ici sans les diacritiques omniprésentes dans le texte, la transcription des voyelles courtes est donc hasardeuse)


يسنم ريان چُنا وزنس رڭ‍وزاو ينشا فاجا افجس فميم يمفنا رعالابي قاجا ايفم ايمفم جه مكند سنش ذات جام يننشنا ايخشنا اجمقرى المنابى چنايا ريكرفنا رايا يعشنا سنا في


yasnam rayân čunâ vazanas rañevzâva yanšâ fâjâ afajas famima yamafnâ raʿâlâbi qâjâ ayrfam aymafam jah maknad sanaš ḏâta jâma ynanšanâ ayaxšanâ ajamaqrî alamnâbi čunâyâ raykarfanâ râyâ yaʿšanâ sinâ fi

Louage à Dieu qui a produit les origines de toutes choses sous la forme d'une lumière, et qui s'est élevé de la bouche de ceux qui louent ses merveilles, en se manifestant. Que la faveur divine et la paix soit avec notre seigneur Mahomet, principe de toutes choses qui tirent leur origine (des éléments), et des éléments eux-mêmes, et sur sa famille, et ses compagnons qui sont les moyens (du salut) pour ceux qui ont des dispositions à en profiter. Après ces préliminaires, etc... - D'après De Sacy et avec une transcription d'un membre de l'Atelier.

Liens


Liens pour le nouveau bâlaybalan :

Notes

<references/>