Signe diacritique

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Définition

Un signe diacritique ou diacritique est un signe graphique complétant une lettre de l'alphabet pour transcrire un phonème dérivé ou différent.

Hantise de maints typographes et imprimeurs (notamment anglosaxons et accessoirement francophones), les signes diacritiques ont des rôles extrêmement divers dans l'écriture ou la phonologie. Dans certaines langues, ils transforment totalement la prononciation d'une lettre (palatalisation, nasalisation...), et/ou ils localisent l'accent tonique quand celui-ci n'est pas placé à la syllabe prévue (première, dernière ou avant-dernière selon les cas...) ; dans d'autres cas, il ne sont présents sur certaines lettres que pour éviter une homonymie ; cas le plus notable, en français, le Ù n'existe que dans un seul mot : le pronom relatif (ou adverbe interrogatif) "où" afin de les distinguer de la conjonction de coordination "ou". L'importance des signes diacritiques, si on considère les langues à alphabet latin, est très variable d'une langue à une autre, de quasi nulle (les seuls mots à diacritiques sont d'origine étrangère) en anglais à omniprésente en vietnamien et sa forêt de diacritiques superposés aux rôles inattendus (niveau tonal, entre autres).

Cette page de Wikipédia traitant du sujet en donne un aperçu précis. Seront surtout traitées les applications des signes diacritiques dans les idéolangues décrites dans la présente encyclopédie. Quelques références aux langues naturelles seront toutefois mentionnées, notamment à des fins de comparaisons.

Accent aigu

C'est le diacritique de référence, notamment lorsqu'il s'agit de localiser un accent tonique, pour les langues qui en sont pourvues. Ce signe diacritique est présent pour ce rôle, de l'espagnol (langue romane) au tchèque (langue slave) et au hongrois (finno-ougrienne). En français, la seule lettre à disposer de l'accent aigu est la voyelle E, laquelle est fermée [e] par ledit accent.

Il sert aussi à noter les voyelles longues dans de nombreuses langues (hongrois (s'il est combiné avec un tréma il devient un double accent aigu) l'irlandais, le sindarin, etc).

Avataneuf.gif Aneuvien

La langue aneuvienne ne dépare pas : l'accent aigu, nommé "accent droit" puisqu'orienté vers la droite localise l'accent tonique lorsque celui-ci est situé sur une voyelle courte qui n'est pas en première syllabe. Ce qui arrive quand même relativement souvent, notamment dès lors qu'une voyelle courte était accentué sur la première syllabe du radical d'un mot auquel on a adjoint un préfixe :

Luxat = lanterne
velúxat = phare.

À cause du changement de place de l'accent tonique au subjonctif passé, la forme du verbe laisse presque toujours apparaître ce diacritique. Si un radical était accentué auparavant, celui-ci perd son accent.

En principe, il ne change pas la prononciation de la lettre située en dessous sauf pour le E et le O<ref name="eo">Le E et le O revêtent quelques particularités, dues aux variations de prononciations en fonction de leur place dans une syllabe</ref>dont il force la fermeture ([e] & [o]).

Sivelie.png Sivélien

L'accent aigu en sivélien permet de créer de nouveaux phonèmes : á se prononcera /ɔ/, é se prononcera /ɜ/ et í se prononcera /y/. Le ó existe aussi, mais n'est présent que dans un seul mot, à savoir ó (prononcé [ɔ]), signifiant "et", et dans l'écriture de quelques diphtongues.

Accent circonflexe

Ce diacritique est utilisé notamment dans des langues romanes comme le portugais (accent tonique ET phonème modifié<ref>L'aneuvien, avec l'accent grave, aurait pu s'inspirer de ce principe</ref>), le français ou le roumain, mais également beaucoup d'autres langues dont une langue auxiliaire :

Verda stelo.gif Espéranto

Ce diacritique sert, entre autres (Ĥ), à postalvéolariser un certain nombre de lettres (Ĉ, Ĝ, Ĵ, Ŝ).

Fait assez étrange : dans cette langue, on ne trouve cet accent que sur des consonnes, alors que la seule voyelle susceptible d'être diacritée (le U) l'est par une brève qu'on ne trouve au dessus d'aucune autre lettre.

Versan

Le versan est une langue qui utilise énormément l'accent circonflexe, sur pas moins de 7 lettres différentes (â, ĉ, ê, ĵ, ô, ŝ, û). Sur une consonne, il marque la postalvéolisation de celle-ci, comme en espéranto (ils proviennent d'ailleurs de cette langue) et sont considérées comme lettres à part entière.

Accent grave

Moins courant que l'accent aigu. Son rôle peut être similaire (accent tonique) ou simplement limité à éviter des homographes. Ainsi, en italien, on distinguera è (verbe être à la troisième personne au présent de l'indicatif) de e (conjonction de coordination). En français, la seule lettre dont la prononciation est modifiée par cet accent est aussi la lettre E, ouvert [ɛ] par ledit accent. On trouve aussi l'accent grave pour la lettre U (déjà évoqué ci-dessus) et la lettre A, dans des mots courts comme "à" (qu'on distinguera de "a" du verbe "avoir"), "çà" (adverbe signifiant à peu près "ici", à distinguer du pronom démonstratif "ça", cher aux psychanalystes) & "là" (adverbe à distinguer de l'article défini ou du pronom personnel "la"). Exception notable : Lorànt Deutsch. On trouve également l'accent grave, entre autres, en écossais, gallois, catalan...

Avataneuf.gif Aneuvien

Il est nommé "accent gauche" (vu son orientation). Son rôle est assez proche de celui de l'accent "droit" ; à cette différence près, que la lettre (A, U, Y<ref name="eo"/>) sous cet accent change de phonème. En conséquence de quoi on peut trouver un tel diacritique dès la première syllabe sous ces lettres. Ainsi, l'accent gauche antériorise le A (de [ɐ] à [a]), transforme le U de [u] en [y] et le Y de [ɪ] en [ɨ]. Au besoin, il force l'aperture du E ([ɛ]) et du O ([ɔ]).

Uropi.gif Uropi

L'accent grave est utilisé également pour le décalage d'accent tonique en uropi (vers la dernière syllabe, le plus souvent) : kotèl = couteau.

Accents doubles

Le double accent aigu (utilisé en hongrois) est une combinaison de l'accent aigu et du tréma. En fait, il permet à une lettre transformée par un tréma de l'allonger. Il était également utilisé en brèntais.

Le double accent grave a un rôle notablement différent.

Barre

La barre est utilisée dans plusieurs langues naturelles, dont le same, notamment pour modifier l'alvéolaire T d'occlusive [t] à fricative [θ]. Elle a un usage assez analogue, en islandais, pour le Р: [ð].

C'est dans cette utilisation qu'on la retrouve en vadora, alphabet composé pour une écriture alternative de l'aneuvien ou du psolat.

Emblme pandais.jpg Cependant, en ŧhub, elle a un autre rôle : le Ŧ ainsi obtenu sert à lire le phonème affriqué /t͡ʃ/.


On trouve aussi cette barre horizontale sur le O, notamment dans l'alphabet africain de référence, notamment pour représenter son phonème homographe en API : le /ɵ/, situé, en antériorité, entre le [ø] et le [o].

On trouve aussi le Ɵ en vadora et en ŧhub, mais dans un rôle tout différent, puisqu'il correspond à la consonne fricative alvéolaire sourde [θ], eu égard à la ressemblance avec son homologue grecque.

Barre oblique

La barre oblique est notoirement utilisée en norvégien et en danois sur le O et en fait une lettre à part entière : le Ø qui rappelle exactement, pour la prononciation, son équivalent en API, à savoir la version antérieure du [o] : [ø] comme dans "jeu, œufs...".

C'est dans ce rôle qu'on le retrouve en vadora, y compris en double exemplaire, lorsqu'il s'agit de transcrire, dans cette écriture, le digramme aneuvien EU.

Nota : La contre-barre oblique(o⃥) est rarissime.

Des tableauxindiquent, dans Wikipédia, ces différents diacritiques sur les différentes lettres.

Brève

Comme son nom l'indique, la brève raccourcit (en principe) la lettre souscrite. Ainsi, dans les transcriptions scolastiques du latin, on distinguera LEGĔRE de DELĒRE. Ce diacritique est présent dans plusieurs alphabets, tant cyrillique (Й : [j] derrière une voyelle) que latin (Ŭ en espéranto derrière un A : l'ensemble se prononçant à peu près [aʊ]).


Avataneuf.gif Aneuvien

La brève résulte du raccourcissement, soit d'une diphtongue en O ouvert (AU [ɐʊ] ou [ɐɔ] → Ă [ɔ]) soit d'une voyelle antérieure arrondie mi-ouverte [œː] (OE) ou mi-fermée [øː] (EU) → Ĕ. La brève sert également à distinguer (avec le changement de prononciation en conséquence) le prétérit du passé (parfait : équivalent du passé composé français).

Ka pàteza = Elle est arrivée
Ka pàteză = Elle arriva.

La brève ne donne aucune indication particulière concernant la position de l'accent tonique. Ainsi, ci-dessus, l'accent est placé sur le À de pàteză. Dans er stĕr (nous savons), le Ĕ de l'unique syllabe porte l'accent tonique.

Verda stelo.gif Espéranto

Uniquement au dessus du U de  : [aʊ].

Wedensheinien

La brève est utilisée sur les lettres A, E, I, U et Z afin d'en modifier la prononciation : Ă /ɛ/, Ĕ /ə/, Ĭ /ɨ/, Ŭ /y/, Z̆ /ʒ/. Si elle est placée sur le i en fin de mot, elle le raccourcit (/ʲ/ après une consonne, /j/ après une voyelle).

Cédille

Utilisé en portugais et en français sous le C (Ç), pour transformer un son [k] en [s] devant A, O, U, se diacritique se trouve également dans d'autres langues sous d'autres lettres comme en turc (Ş, en plus du Ç) ou en roumain (Ş & Ţ) afin d'en modifier le phonème. Un article détaillé sur ce diacritique est lisible dans Wikipédia. On trouve d'autres consonnes à cédille, en letton ou en marshallais, par exemple (Ģ, Ķ, M̧...).

La cédille se trouve également sous des voyelles, notamment au Cameroun où ce diacritique indique une nasalisation, mais aussi dans d'autres contrées (Îles Marshall).


Macron

le rôle traditionnel du macron est d'allonger la lettre concernée. Son effet est, par conséquent inverse de celui de la brève.

Elko.jpg Elko

L'elko utilise parfois le macron en place du tiret. La rune Khila Inga.jpg est retranscrite par un tiret dans l'alphabet latin. Ce tiret surnommé "Khila" /kʰila/ ("le clou") en elko est utilisé pour fixer des éléments supplémentaires ou annexes à des mots agglutinés (compléments d'informations, clés supplémentaire) il est également utilisé pour les noms propres pour lier les composants et parfois même avec les nombres pour les mêmes raison.

Le tiret est alors placé après une voyelle comme dans l'exemple suivant : matu-narelkouta (six mille cent quarante-trois). Toutefois, il arrive parfois que le tiret devienne macron et se place alors sur la voyelle précédente pour devenir : matūnarelkouta. Cette notation est principalement utilisée par les scribes et les comptables pour des soucis d'économie de place.

Le macron allonge ici aussi la voyelle : matūnarelkouta se prononce /matu:aɾɛlkɔʷta/.

Emanuelo.gif Gelota

Toutefois, le macron a un autre rôle en gelota : il nasalise les lettres ouvertes A [ɛ̃] et O [ɔ̃] et il arrondit la lettre mi-fermée E [ø].

Ogonek

L'ogonek ressemble un peu à une cédille à l'envers (reflet) et est utilisé notamment pour la nasalisation des voyelles qui en sont pourvues. Ce diacritique, utilisé en polonais, en lituanien<ref>... où la nasalisation a laissé place à un allongement</ref>, en navajo et en apache. C'est un signe de nasalisation.

Remarque : le Ą polonais ne se prononce ni [ã] ni [ɑ̃] mais [ɔ̃].

Point suscrit

Placé naturellement sur les i (bas de casse)<ref>On trouve, en turc, des ɪ en orthographe littérale (hors API), tout comme des İ.</ref>et les j, cet artifice devient un diacritique distinctif au dessus des autres lettres. Parmi les langues naturelles utilisant le point suscrit ailleurs qu'au dessus de ces deux lettres, on peut mentionner le cheyenne & le lituanien.

Avataneuf.gif Aneuvien

  • ṁ et ṅ nasalisent la voyelle qui précède chacune d'elles.
  • ċ et ż transforment les fricatives correspondantes [s] & [z] en affriquée [t͡s] [d͡z]
  • ẇ = [ɥ].

Elko.jpg Elko

Le point suscrit placé sur lettre indique une mouillure de celle-ci (yod). En elko, quatre lettres peut porter le point suscrit :

  • Le ė /ɛj/ : translittération de la rune Eiha.jpg<ref>il a d'abord été transcrit "y" puis "ei" et enfin "ė".</ref>. Le e point suscrit est la vingt-deuxième et dernière lettre de l'abde.
  • Le i /i(j)/ : Le point est naturellement placé sur le "i" dans l'alphabet latin, mais cela rappelle néanmoins la parenté avec le son /j/. Dans des variantes dialectales, le i se prononce parfois /ij/ comme dans "fille".
  • Le j /j/ : C'est le point sur le "j" qui est à l'origine de la retranscription du yod sur les autres lettres.
  • Le ṅ /ŋ/ : translittération de la rune Inga.jpg. Présent uniquement dans les dialectes vanique & nalique.

Emblme pandais.jpg Ŧhub

Il sert également en ŧhub, uniquement au dessus du N, pour la nasale palatale ɲ.

Tilde

Utilisé dans l'alphabet phonétique international pour nasaliser la voyelle située en dessous, il a également cours en breton et en portugais dans un rôle similaire (São Paulo : [ sɐ̃w̃ 'paw.lu]).

En espagnol (castillan) le Ñ est une lettre à part entière (classement alphabétique) et se prononce [ɲ].

Ce diacritique a maintes autres utilisations.

Remarque : en écriture cursive peu soignée, on a tendance à la confondre avec le macron. Ce qui pourrait expliquer que ces deux diacritiques ne cohabitent pas dans une même langue.

Versan

Comme en espagnol, la tilde se place sur le N, considéré comme une lettre à part entière et note ainsi le son [ɲ].

Tréma

Dans plusieurs langues, le tréma a pour fonction de changer la prononciation de la lettre située en dessous. Ainsi, en suédois, en hongrois et en volapük, ainsi qu'en allemand (l'umlaut ressemble au tréma et a grosso modo la même utilisation, au point qu'on les confond), le Ö ([œ] ou [ø]) se distingue du O ([ɔ] ou [o]).
On trouve aussi Ü, prononcé [y] ou [ʏ], en allemand, hongrois, estonien, turc, lombard...


Avataneuf.gif Aneuvien

Le tréma existait dans une des anciennes versions de l'aneuvien. Il avait, sur des voyelles non accentuées, le rôle qu'avait un accent gauche (`) sur leurs équivalentes accentuées :

Ä : [a]
Ë : [ɛ]
Ö : [ɔ]<ref>... et non [œ] ni [ø]</ref>
Ü : [y]<ref>Le Ÿ n'a jamais existé ; le [ɨ] est toujours accentué en aneuvien, sinon, il "tombe" en [ɪ] ou [ə].</ref>.

Ce sont des oublis fréquents et une prononciation plus "effacée" des voyelles non accentuées qui ont entraîné sa disparition.

Elko.jpg Elko

Le tréma ou point double est utilisé en abde pour éviter la succession de deux voyelles identiques. Il s'agit en fait de hiatus particulier où les deux voyelles consécutives sont identiques, la grammaire elkanne nomme ce phénomène : doublure. On retrouve le tréma sur les voyelles : ä, ë, ï, ö et ü. La morphologie de l'elko fait que la lettre Ė ne peut pas se trouver à côté d'un autre Ė c'est pourquoi il n'existe pas de Ė trématé<ref>Par conséquent, un Ë correspond uniquement à EE et jamais à ĖĖ.</ref>!

Ex: Kaala ("laid")→ käla /kaʔala/

Le tréma est utilisé pour économiser de la place et éviter les doublons souvent perçus comme disgrâcieux. Toutefois son utilisation est souvent perçue comme pédante et prétentieuse.

Frenchflag.jpg Français

Son utilisation est quelque peu différente : il force la prononciation de la voyelle placée en dessous affin que celle-ci ne soit pas englobée dans la prononciation d'un digramme.

Mais [mɛ] ; maïs [mais]
Il hait [ilɛ] (présent) ; il haït [ilai] (passé simple)

Phonologiquement il aurait la valeur d'un H (une hache !) qui trancherait un digramme vocalique en deux : "Citroën", se prononçant comme "six trohènes" : [sitrɔɛn]<ref>Le Sahara pourrait tout aussi bien s'écrire "Saära". Cependant, en français, le tréma ne coiffe que le E, le I, le Y (seulement dans quelques noms propres) et le U (depuis 1990, sauf exception).</ref>.
Une réforme orthographique a pallié une difficulté de prononciation de certains mots : en effet, on est passé de [ɛgy] "aiguë" à "aigüe"<ref>L'ancienne orthographe est acceptée</ref>, afin de bien montrer que c'est bien le U qu'on prononce, pas le E (muet !) ; de même, on a ajouté un tréma au U de "gageure" (maintenant : "gageüre"), pour éviter des confusions avec "gageur".

Versan

Le tréma se place sur le e et le o, et se plaçait autrefois également sur le u. Ils notent des sons rares dans cette idéolangue : [ə] pour ë, [ø] pour ö.

LV II.png Volapük

Au dessus des lettres A, O & U. Mêmes applications que l'umlaut (allemand).

Et encore...

On trouve également le tréma dans l'alphabet cyrillique, dans sa version russe (Ë, prononcé [jɔ]) ou ukrainienne (Ï, prononcé [ji]).

Le traitement d'une lettre à tréma diffère d'une langue à une autre : considérée comme lettre à part entière (comme en suédois, finnois, russe, ukrainien) ou "rattachée" à la lettre d'origine (d'autres langues, comme le français, l'allemand, l'espagnol<ref>rares cas, comme les mots en -güe-, se prononçant [gwe], à distinguer de -gue- se prononçant [ge]</ref>).

Lire aussi cette päge.

Liens


<references/>