Utilisateur:Ajai

De Ideopedia
Révision de 26 mai 2013 à 12:02 par Ajai (discussion | contributions) (L'interfrançais)

Naissance : dans les années 50, en Alsace. Études musicales au Conservatoire d'Amiens (piano et harmonie). Pianiste et compositeur depuis 1970. A travaillé surtout avec des plasticiens comme illustrateur sonore d'exposition.

Auteur d'une "exogrammaire pour le piano", ainsi que d'un catalogue recensant toutes les échelles du système tempéré (2048).


Expériences poétiques

Je suis venu aux langues construites par le biais de la poésie (voir mon blog : http://dixmillechoses.blogspot.com). Depuis longtemps je cherchais une forme d'écriture capable de traduire des images mentales par un processus ne devant rien à la logique syntaxique.

J'ai fini par obtenir ce que je nomme "poème fluctuel". Le but est, à partir d'une liste de mots ou d'un texte existant, de former des syntagmes par association spontanée de termes à priori étrangers les uns aux autres - la seule contrainte étant la fluidité du texte (ce qui exclue le recours au hasard).

Quelques exemples :

Entre deux le vois seulement pourtant si mon au revoir la vie regarde avec la bouche tellement pas trop de moi nuits mots jours entre deux la silhouette allée je rigoles de lune rossignol mon soleil c'est ombre chinoise non crois-tu les blessures sans enfance peux-tu laquelle de lune viendra prendre alors sans jamais perdre la vie pourquoi

("roman")


Des souvenirs tu contiens la

musique dans tes vastes bras

l'éternelle paresse la houle

saura sur les bords j'irai là-bas

loisir de ténèbres extase un port

de mâts bleus cheveux pleins de sève

amoureuse presque glissant moutonnant

comme la couleur et l'homme vit

dans cette chevelure que le roulis

des souvenirs dans la moire

vous me rendez l'ardeur l'huile

ma tête saura bercements peupler

des senteurs soyez d'ivresse

pour embrasser chargé de tout un monde

éblouissant dans l'air où mon amour frémit

(sur "la chevelure", de Baudelaire)


Si la connexion entre les termes du texte-source (mots ou syntagmes) est moins spontanée, on aboutit à des formes plus régulières du point de vue syntaxique, bien que toujours dépaysantes, lesquelles peuvent s'apparenter au collage.

Exemples :

Des plans d'eau - ravissant contrepoint dans le nord de l'Italie. Pourtant leur forme, s'étendant de façon théâtrale au-delà de l'infinité du lac et du terrain, joue un rôle aérien dans la campagne environnante. Le jardinier d'aujourd'hui ne peut aisément déplacer les perspectives horizontales à plusieurs niveaux. De longues pergolas, des piliers carrés ou ronds, des cascades de clématites et de chèvrefeuille, grâce à un ingénieux usage de terrasses courbes ou circulaires, constituent un paysage à traverser, emprunté à l'architecture d'un ruisseau.

("jardins").


Amusant sacrilège

en ces lointains commencements

poème singulier


On y voit le mont Fuji,

un épouvantail dans un champ -

est-ce là mon tableau ?


Place au silence

à la colère

aux flamboiements

("danse de haïkus")


Il m'est arrivé aussi (comme tous les rêveurs de langue absolue), d'avoir recours au NEOLOGISME. Dans le texte suivant (sonnet), les mots nouveaux peuvent être inventés ou bien peuvent être des mots courants employés dans un autre sens :


Tandis que Miritis hagarde au loin

Le Désert bondit sur la Passadore

Tachée d'animaux vertigineux, chore

De canyons entrelacés dans l'Amoin.


Elle, ribelle à ses heures, ajoint

Les diaprées remontant vers l'aurobore

Immané, si lointaine et si dolore

Qu'elle en oublie son Phod enfin rejoint.


Sur le retable hypersonique et lune

Ses calmants courent avec mille éclats

Pulvisés par son visage de dune,


Et le Désert bondit sur les Paclats

Qui leurrent ma soeur - ma soeur Galaxie

Dépliant les quasars de sa Mancie.

(paysages parallèles)

L'interfrançais

Ma première expérience en langue construite est une virelangue dérivée du français, l'Interfrançais, dont la phonétique est proche de l'occitan ou de l'espéranto. La grammaire est simple et la syntaxe peu contraignante. La caractéristique de l'Interfrançais est de se plier aux nuances du langage par résonance et proximité plutôt que par connexions bien définies, ponctuelles.

En matière de langue construite pouvant être parlée sur un plan international, je pense que l'essentiel des paramètres qui constituent la langue (phonétique, grammaire et syntaxe) doit tendre vers l'extrême simplicité. Maintenant, si la langue est purement imaginaire ou adaptée à un monde imaginaire, l'enjeu est différent. Il peut y avoir un réel avantage à compliquer l'écriture ou la prononciation. A ce stade, la langue n'est plus un support utilitaire, mais une clé donnant accès à un univers de symboles. Dans l'idéal, une langue doit conjuguer l'aspect utilitaire et l'aspect symbolique (c'est le cas du Sanskrit).

(à suivre)