Gérondif
Dans nombre de langues, il est entretenu une confusion ou une assimilation entre le participe présent et le gérondif. Ainsi, note-t-on, pour le gérondif espagnol, cette règle ainsi que pour l'anglais (même site).
Français
Le gérondif ne se distingue pas vraiment, au niveau de la construction du verbe, du participe présent, si ce n'est l'apport d'une préposition qui peut changer bien des choses ; notamment quand le sujet du verbe est lui-même un complément d'objet :
- Je le vis en ouvrant le journal.
Dans cette phrase, le verbe "ouvrant" est au participe présent et son sujet est "le", COD de "vis". On a donc affaire à une proposition participe. Cependant, en passant la souris sur la phrase ci-dessus, on dévoile une préposition qui change complètement le sens de la phrase et "ouvrant" devient "en ouvrant", dont le sujet est "je"<ref>Non seulement la phrase est différente au niveau grammatical, mais aussi sémantiquement : le "le" n'est plus aperçu réellement entrain d'ouvrir son journal, mais (probablement) en photo dans ledit journal.</ref>.
Limites d'emploi
Toutefois, on peut trouver, avec un gérondif, des phrases à la structure étrange :
- L'appétit vient en mangeant.
Il est clair que cette construction de phrase est sujette à caution et ne respecte pas l'usage normal du gérondif où le sujet de la phrase et le sujet des deux procès : celui du verbe principal et celui du gérondif. Ce n'est pas l'appétit qui mange ! Cependant, dans ces phrases :
- On retrouve l'appétit en mangeant.
- En mangeant, on retrouve l'appétit.
l'utilisation du gérondif est tout à fait légitime. Avec une similitude de sens et malgré l'ajout d'une préposition, il est même plus limpide, que
- Mangeant, on retrouve l'appétit.
Latin
Le gérondif est, en latin une sorte d'adjectif verbal exprimant, entre autres, l'idée d'obligation, notamment resté célèbre dans cette citation :
- DELENDA KARTAGO
mais aussi dans des noms, laissés en l'état ou modifiés, dans la langue française:
- addendum : ce qui, ajouté à un texte, doit être considéré comme faisant partie de celui-ci.
- agenda : recueil de rendez-vous à ne pas manquer, de choses à faire pour une journée considérée.
- légende : ensemble de symboles qui doivent être consultés si on veut comprendre une carte.
- viande : c'est un mot issu du gérondif VIVENDVM, signifiant (à peu près) "devant être consommé pour garantir la vie", terme plus large que "viande" dans notre signification (chair d'animaux, traduit en CARNIS).
Le gérondif latin a une autre application : il transforme le verbe en adjectif ou en nom (génitif), de la manière suivante : LEGENDI TEMPVS = le temps de lire.
Idéolangues
Aneuvien
Le gérondif aneuvien est un calque du gérondif français, en ce sens qu'il en reprend la construction, à savoir LAS + (rad. pa.)-un.
- Ar lokùte las sliyfun = Ils parlent en dormant.
Il existe une forme aneuvienne correspondant à peu près au gérondif latin ; elle ne porte pas ce nom, mais l'adjectif impératif. Se traduit le plus souvent en français par un infinitif précédé de "à":
- Imprízhas lektend = à lire impérativement.
Les autres applications du gérondif latin sont traduites en aneuvien par le participe :
- temp lektun = le temps de lire
Romane
En romane, il se forme à partir du participe du verbe, en ajoutant le suffixe adverbial -ê :
- Es (être) → esan (étant) → esanê (en étant)
- Manj (manger) → manjan (mangeant) → manjanê (en mangeant)
- Ved (voir)
- → vedan (voyant) → vedanê (en voyant)
- → vedat ((étant) vu) → vedatê (en étant vu).
Uropi
Le gérondif uropi n'existe pas en tant que tel et est traduit par une utilisation du participe présent devant le sujet. Ainsi, on a :
- Opran de novar i vizì ha. = Je le vis en ouvrant le journal (ouvrant le journal, je le vis).
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