Uropi
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Année de création | 1986 | |||
Auteur | Joël Landais | |||
Régulé par | — | |||
Nombre de locuteurs | — | |||
Parlé en | — | |||
Idéomonde associé | — | |||
Catégorie | Langue auxiliaire | |||
Typologie | Langue a posteriori | |||
Alphabet | Latin + ʒ | |||
Lexique | ||||
Version | — | |||
Codes de langue | ||||
ISO 639-1 | — | |||
ISO 639-2 | — | |||
ISO 639-3 | — | |||
Préfixe Idéopédia | IDEO_URO |
L'Uropi est une langue construite créée par Joël Landais, un enseignant français. Basé explicitement sur les langues indo-européennes, l'Uropi a pour but de servir de langue auxiliaire pour l'Europe et par conséquent d'aider à construire l'identité européenne. En outre, vu l'extension des langues indo-européennes hors d'Europe, l'Uropi est aussi une langue auxiliaire internationale.
L'Uropi a été initié en 1986 ; depuis, il a connu quelques modifications, et son vocabulaire continue de croître, principalement du fait de M. Landais.
L'Uropi a connu une certaine notoriété européenne au tournant des années 90<ref>Ducos, Étienne, «Joël Landais invente la 251e langue», dans Libération, 16 octobre 1986</ref><ref>Bremer, Hans-Hagen, «Vok vu Uropi : Ein Lehrer träumt nachts auf europäisch» dans Frankfurter Rundschau, 24 novembre 1986</ref><ref>Долгополов, Николай, «Уроки Уропи» dans Комсомольская Правда, 21 novembre 1987</ref><ref>Étienne Ducos, «Des lettres russes arrivent par centaines chez Joël Landais», dans L'Écho républicain, 15 décembre 1987 </ref><ref>Webster, Paul, «Uropi, the new lingua franca», dans The Guardian Weekly, semaine du 15 janvier 1989</ref><ref>Singer, Enrico, «Uropi, una nuova lingua per l'Europa», dans La Stampa, 24 février 1989</ref><ref>Tabone, Bénédicte, «L'Uropi n'est pas une utopie», dans La Nouvelle République du Centre Ouest, 2 juillet 1989</ref><ref>Auteur non mentionné, «Uropi, mehr als eine private Geheimsprache - Ein Chance in Europa» dans Tagespost, 28-29 octobre 1989</ref><ref>Долгополов, Николай, «Мы снова говорим на разных языках» dans Комсомольская Правда, 29 avril 1990</ref><ref>Hrabovský, Jiří, «Vok vu Uròpi? Hovoříte po Evropsku?» dans Svět v Obrazech, 29 novembre 1990 </ref><ref>Tribout, Carole, «Les Suisses se penchent sur l'Uropi», dans la République du Centre, 23 octobre 1991</ref>. Il ne semble cependant pas qu'un mouvement ait été constitué suite à cette publicité.
Sommaire
Prononciation
L'alphabet de l'Uropi compte 24 lettres, les 26 lettres de l'alphabet latin moins le q, le x et le y, mais additionné de la lettre ʒ, qui provient de l'alphabet phonétique international. Toutes les lettres se prononcent comme en français, sauf les suivantes :
Lettre | A.P.I. | Équivalent en langues naturelles |
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c | [ʃ] | ch, sh sc(-i), s, ш |
e | [e] ou [ɛ]<ref>Jamais [ə], [œ], [ø].</ref> | é, è |
g | [g] | g ( gars, give, gut) |
h | [h] | h ( Haus) |
j | [j] | y, il(l) ( yole, travail) |
ʒ | [ʒ] | j ou g ( jaune, paragem) |
s | [s] | s : (sac), ss (passe) c (pouce), ç (glaçon) |
u | [u] | ou |
w | [w] | w(h) ( what, win), ou ( ouate) v ( VENEREM) |
L'accent tonique reste habituellement sur la racine principale. Cependant, certains suffixes (comme -èl indiquant l'instrument, -ìst) et la terminaison -ì du passé portent toujours l'accent, maqué par un diacritique, qui plus est ; dans toute combinaison de deux suffixes ou plus, l'accent tombe sur l'avant-dernier suffixe. L'accent est noté par un accent grave (à è ì ò ù) sur la voyelle accentuée lorsqu'il porte sur la dernière syllabe. Par exemple : kotèl, perì, fotò, menù = couteau, porta, photo, menu.
Vocabulaire
Racines
On peut répartir les racines de l'Uropi en trois catégories :
Racines indo-européennes
L'Uropi se veut d'abord une manière de recréer l'unité entre les langues indo-européennes. Dans ce but, une grande part des racines de l'Uropi est constituée des racines indo-européennes communes, mais simplifiées, en prononciation et en longueur (souvent, les racines n'ont qu'une syllabe, parfois deux). Ainsi, mère se dit mata (indo-européen : mâtêr) ; soleil se dit sol (indo-européen: sâwel*).Ces simplifications correspondent à l'évolution naturelle des racines indo-européennes qui a donné les mots utilisés aujourd'hui dans les langues i-e modernes. Ainsi mata correspond à l'hindi mata, sol à l'espagnol et au scandinave sol.
Racines "métissées"
Quand aucune racine indo-européenne n'est connue ou qu'une réalité utilise plusieurs racines en diverses langues, l'Uropi peut utiliser des racines métissées, empruntant aux diverses langues de manière à créer le mot le plus facilement reconnaissable par les locuteurs du plus grand nombre de langues indo-européennes. Ainsi, liamo (aimer), le li- provenant des langues germaniques et slaves (cf lieben et лювить), et le -am, des langues latines (amar(e)) ; ou mand (main), le ma- provenant des langues latines et le -and, des langues germaniques. Ce processus n'est pas aussi artificiel qu'il le paraît : Il a été observé dans les langues naturelles, par exemple, le français haut est issu du croisement entre le vieux fr. aut ( ALTVS) et le francique hôh. Il est également utilisé délibérément dans des langues comme l'anglais pour former des mots-valises (portmanteau-words), par exemple, le célèbre smog londonien provient du croisement de smoke et de fog. Citons également les mots franglais, denglisch (D = deutsch + english), spanglish (US = spanish + english). Ces mots métissés ne représentent que 3% du vocabulaire Uropi.
- Notons au passage que liamo renvoie au mot letton laime = bonheur, et est presque l'anagramme du verbe aimer mīlēt dans cette même langue
Mots internationaux
L'Uropi fait aussi place à un grand nombre de mots "internationaux", tels que taksì, skol (école), bus, art, matc (match), poliz (police), simfonij (symphonie), tabàk (tabac) etc.
Mots agglutinés
Comme un très grand nombre de langues construites, l'Uropi fait une large place aux mots agglutinés, soit entre deux racines, soit à l'aide d'affixes.
Parmi les premiers, on peut donner pour exemples
- lucitòr = phare, de luc = lumière et tor = tour
- sopo = dormir, sopisàk = sac de couchage, sopivagòn = wagon-lit.
Quant à la dérivation à l'aide d'affixes, on peut aussi donner de très nombreux exemples :
- davo = donner → disdavo = distribuer
- tel = but → atelo, aboutir
- brek = rupture & us = dehors → usbrèk = éruption
- apel = pomme → aplar = pommier & aplaria, pommeraie.
Dans la plupart des cas, le lecteur ou l'auditeur peut sans peine retrouver facilement les racines et donc le sens du mot agglutiné. Cependant, certaines dérivations, même si elles suivent l'étymologie des mots équivalents dans des langues naturelles, ont par eux-mêmes un sens un peu obscur, plutôt métaphorique. Ainsi, ruspeko<ref> RESPECTO, regarder en arrière et RESPECTVS, considération, égard. </ref>, au sens propre regarder en arrière, signifie-t-il respecter ; ou incepo, au sens propre "saisir en dedans", signifie-t-il "comprendre".
Grammaire
Substantifs
À l'exemple de certaines langues indo-européennes actuelles, l'Uropi a conservé une déclinaison minimaliste avec deux cas : le nominatif et le génitif. Ils ont deux nombres, le singulier et le pluriel.
Les substantifs uropi se divisent en trois groupes : ceux qui finissent par une consonne, ceux qui finissent par -a et ceux qui finissent par une autre voyelle.
Parmi ceux qui finissent par une consonne, on retrouve entre autres tous les substantifs représentant un homme ou un animal mâle : man = homme ; gal = coq. (noms masculins)
Ces substantifs prennent un -e au nominatif pluriel ; le génitif singulier est marqué par un -i, et le génitif pluriel, par un -is. man, mane, mani, manis
Les substantifs représentant des femmes ou des animaux femelles se terminent par un -a : ʒina = femme ; gala = poule (noms féminins). Le a se change en -u pour marquer le génitif singulier. Le pluriel est marqué par un -s dans les deux cas. gala, galas, galu, galus
Tous les autres substantifs sont neutres : ils se terminent indifféremment par une consonne ou en -a. Par ex :tab = table ou ment = esprit, ou encore teatra = théâtre ou centra = centre. Ils correspondent au pronom personnel neutre "je".
Les substantifs se terminant par une autre voyelle sont exclusivement des mots "internationaux": taksì, eurò, menù. Ils prennent un -s au pluriel et ne sont pas marqués pour le génitif.
Adjectifs
Les adjectifs qualificatifs ne varient ni en nombre ni en cas. Ils se placent avant le substantifs qu'ils qualifient. Il existe des adjectifs propres: bun = bon, glen = vert, kurti : court, ainsi que des adjectifs dérivant de substantifs. Dans ce cas, leur forme est identique à celle du génitif singulier: mani = viril, masculin ; ʒinu = féminin.
Les adjectifs indéfinis quantitatifs prennent la marque du pluriel ; ces adjectifs servent également de pronoms: mol, mole = beaucoup (de), poj, poje = peu (de), tal, tale = tout/e, tous/tes, ek, eke = quelque, -s Ex: Mol vod, mole liente = beaucoup d'eau, beaucoup de gens, poj vin, poje ʒinas = peu de vin, peu de femmes, tal dia, tale dias = toute la journée, tous les jours, ek tej, eke ove = du thé, quelques oeufs
Pronoms
Les pronoms personnels ont trois cas: nominatif, accusatif (qui sert aussi devant toutes les prépositions) et datif. Au lieu du génitif, on utilise des adjectifs possessifs. Il existe trois pronoms à la troisième personne du singulier (masculin : he ; féminin : ce ; neutre ; je) ainsi qu'un pronom réfléchi. Par ex: i = je (nominatif), ma = me, moi (accusatif), mo = me, à moi (datif), tu, ta, to, etc…
Liste des pronoms personnels :
i, tu, he, ce, je, nu, vu, lu = je, tu, il, elle, il/elle (neutre), nous, vous, ils. Pronom réfléchi : sia = se.
Verbes
Les verbes uropi connaissent les modes indicatif, impératif et conditionnel, ainsi qu'une forme simple, une forme durative et une forme parfaite.
- Sauf à l'impératif, le verbe n'a pas de flexion personnelle.
- La terminaison de l'infinitif présent est -o : jedo = manger.
- La forme du présent simple est celle du radical : i, tu, h/ce, nu, vu jed = je, tu, il/elle mange -s, -ons, -ez.
- Le passé simple se forme par l'ajout d'un -ì (accentué) : i jedì = je mangeais, j'ai mangé, je mangeai.
- Pour le futur, on utilise la particule ve :
- i ve jedo = je mangerai, je vais manger.
- i ve avo jeden = j'aurai mangé.
- Pour le conditionnel, on ajoute la flexion -ev, dans le verbe de la subordonnée comme dans celui de la principale<ref>Conformément au latin et contrairement à l'anglais, au français et à l'aneuvien.</ref>= Is i sev fami, i jedev = Si j'avais faim, je mangerais. Au conditionnel passé, auxiliaire avev : Is he avev sen fami, he avev jeden = s'il avait eu faim, il aurait mangé.
- Les formes accomplies utilisent l'auxiliaire avo (avoir) conjugué au présent, et le participe passé, en -en : i av jeden = j'ai mangé, lu av venen = ils sont venus,i avì jeden= j'avais/eus mangé, ce avì iten = elle était/fut allée. On en déduit l'infinitif passé : avo jeden.
- Les formes duratives utilisent l'auxiliaire so (être) et le participe présent, en -an : i se jedan = je suis en train de manger, je mange.
- L'impératif : jed, jedem, jede = mange, mangeons, mangez.
- Le passif utilise l'auxilaire vido = devenir ; comme dans les langues germaniques : De mus vid jeden pa de mons = La souris est mangée par le moine.
Nombres
- Voir aussi : noms de nombres en différentes idéolangues
0 | nul | 7 | sep |
1 | un | 8 | oc |
2 | du | 9 | nev |
3 | tri | 10 | des |
4 | kwer | 100 | sunte |
5 | pin | 357 | trisunte-pindes-sep |
6 | ses | 1000 | tilie |
Les ordinaux se forment par l'ajout d'un -i ou d'un -j : duj = deuxième ; pini = cinquième ; sauf pri = premier.
Les fractions se forment par l'ajout de -t : trit = tiers ; sauf mij = demi.
Exemple : Pour Hélène, de Pierre de Ronsard
- Po Helena
<poem>Wan vu ve so seni, be vespen ki kirèl, Sedan za ner de foj, divindan id nilan, Ve dezo mi verse santan, inmirvizan: Ronsard festizì ma foram wan i sì bel!
Davos vu v’avo nun serva, we, da oran, Od u longi labòr san ʒa mij insopan, Be de rum mi nomi ve ʒe ne sia veko, Id ki anmorli lob ve vi nom bundezo.
I ve so ude ter, fantòm ane kose, I ve nemo mi res ude mirti came; Vu ve so be foja u senina krupan,
Ruplojan id mi liam id vi stol nizspekad Ʒive, is vu kre ma, id varte ne domòr: Plike ʒe ʒa odia de roze vi ʒivi.</poem>
- Pour Hélène
<poem>Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz chantant mes vers, en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle!
Lors vous n’aurez servante oyant telle nouvelle Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s’aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre et fantôme sans os Par les ombres myrteux je prendrai mon repos; Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.</poem>
<references/>