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Elaborée en 2002, elle a été utilisée pour la première fois, en public, lors d’un concert qui s’est tenu à Toulouse au club du Mandala, le 19 décembre 2002. | Elaborée en 2002, elle a été utilisée pour la première fois, en public, lors d’un concert qui s’est tenu à Toulouse au club du Mandala, le 19 décembre 2002. | ||
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Version du 26 décembre 2022 à 11:43
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Année de création | 2002 | |||
Auteur | ||||
Régulé par | --- | |||
Nombre de locuteurs | >15 | |||
Parlé en | musique improvisée | |||
Idéomonde associé | L’espace sonore | |||
Catégorie | Langue artistique Langue expérimentale Langue musicale Langue gabaritique Langue flexionnelle | |||
Typologie | Langue a priori Protolangage Métalangage | |||
Alphabet | idéophones (pas d’alphabet) | |||
Lexique | ~30 | |||
Version | --- | |||
Codes de langue | ||||
ISO 639-1 | — | |||
ISO 639-2 | — | |||
ISO 639-3 | --- | |||
Préfixe Idéopédia | MediaWiki:IDEO GIU |
Le langage de Grille Ouverte, également appelé Giu (\gui.u\) et abrégé en GO! est une idéolangue sonore créée en 2002 destinée à l’improvisation musicale collective. Elle permet la description de référentiels musicaux, notamment en termes d’harmonie et de métrique, ce qui en fait un métalangage. De façon pratique, elle est destinée à construire, en cours de jeu et par le son, le support commun aux musiciens improvisateurs.
La notion de "Grille" vient du jazz où l'on utilise pour improviser des progressions d'accords que l'on nomme "grille" ou "grille harmonique". L'expression d'"ouverte" tient quant à elle son origine dans l'idée de forme ouverte au sens défini en 1962 par Umberto Eco dans Opera aperta (l'Œuvre ouverte): à l'opposé de l'œuvre close, qui est figée, l'œuvre ouverte est "inachevée", et son achèvement "est confié à l'interprète". Plus encore qu'ouverte, elle peut être vue selon Pierre Sauvanet comme "ouvrante" car elle "dynamite, dans son principe même, les différents types de fermetures qui menacent tout processus d'improvisation en acte".
Sommaire
Présentation
Genèse
Le langage de Grille Ouverte est née de la volonté d’échapper au déterminisme des improvisations collectives, que celles-ci soient basées sur un support préétabli ou sans aucun support. L'un de ses objectifs de départ était de concilier liberté individuelle et liberté collective. Elaborée en 2002, elle a été utilisée pour la première fois, en public, lors d’un concert qui s’est tenu à Toulouse au club du Mandala, le 19 décembre 2002.
Fonctionnement
La Grille Ouverte est une langue sans consonne ni voyelle, basée sur le son musical. Elle ne s’appuie sur aucune langue préalable. Elle est basées sur des idéophones qui, de façon pratique, se réalisent sous la forme de motifs mélodico-rythmiques. Ceux-ci peuvent être représentés visuellement sous la forme de idéogrammes. Ces motifs mélodico-rythmiques se caractérisent par une information redondante : contenue à la fois dans le rythme et dans la mélodie. Cette redondance permet aux signes une très grande plasticité d’expression dont découlent deux dialectes, l’un purement rythmique, l’autre purement mélodique. La Grille Ouverte est également une langue flexionnelle, permettant la description d’une très grande diversité de modes (au sens linguistique et musical) grâce à l’usage de suprafixes, qui en font une langue à tons, au même titre que le chinois ou le vietnamien par exemple.
Sa vocation est tout à la fois artistique (outil d'expression) et pratique (outil de communication). Ces deux fonctions peuvent entrer en concurrence. Afin de minimiser cette concurrence, elle est construite autour d'un nombre très réduit de signes sonores (concision destinée à faciliter l'apprentissage et rendre la communication plus efficace), mais surtout sur des idéophones extrêmement plastiques afin de rendre son intégration aussi contextuelle que possible.
Idéophones
La Grille Ouverte est basée un petit nombre d’idéophones (i.e. idéogrammes sonores). Recourir à des voyelles et des consonnes permettrait le développement d'un lexique d'une très grande diversité qui pourrait en faire un langage universel, comme c'est l'intention du Solrésol, mais qui serait peu adapté au contexte musical visé, pour des raisons d'efficience et mais aussi pour des raisons techniques.
En effet, d’un point de vue sonore, les voyelles renvoient au timbre musical, c’est-à-dire à une qualité de son. Or le timbre des instruments est spécifique à chaque instrument et assez peu malléable, donc difficile à utiliser pour produire différents types de voyelles. Les consonnes renvoient généralement à l’attaque des sons. Les instruments de musique permettent de produire une certaine diversité d’attaques sonores mais qui ne correspondent pas à des consonnes. Une correspondance pourrait être établi pour recourir à un alphabet comme c'est le cas pour certaines langues sifflées (voir par exemple la langue sifflée de la vallée d'Aast), mais qui ajouterait un niveau de complexité supplémentaire entre signifiant et signifié.
L'objectif étant d'utiliser cette langue en cours de performance, elle se doit d'être le plus immédiate possible. Sa spécialité musicale a donc été privilégiée sur son universalité.
Grammaire
Du fait de sa concision, la grammaire de la Grille Ouverte est relativement réduite. Elle ne comporte ni pronoms, ni verbes, ni genre explicites. Pour cette raison, elle peut être considéré comme un protolangage, ce qui paradoxalement n'exclue pas un certain raffinement, propre à la grammaire musicale.
Plusieurs types de fonctions peuvent être distingués, lesquels sont parfois combinés.
- Paramétriques: Permet de définir l'un des paramètres du référentiel. Il peut s'agir d'une note de référence (fondamentale d'un accord ou d'un mode), du mode lui-même, de la métrique (nombre de temps par mesure), du tempo (rapidité), d'une nuance, etc.
- Déclencheur: Signes sonores appelant à la transition. On distinguera les déclencheurs nets qui fixent précisément l'instant de transition (synchronisateurs), des déclencheurs flous qui ne le fixent pas explicitement.
- Inhibantes: Signe sonores annihilant la fonction déclencheur de certains signes. Ces fonctions inhibantes présentent un ordre de priorité entre fonctions.
Pour finir, pour des raisons de généricité, la syntaxe de description des modes est gabaritique, alors que celle des métriques est agglutinante.
Lexique
Le lexique de la Grille Ouverte peut être séparés en trois catégories. La première est destinée à la description de l’harmonie, la seconde à celle de la métrique, et la troisième rassemble d’autres types de paramètres musicaux. D’un point de vue fonctionnel, à ce stade de développement du langage, il n’existe pas à proprement parler, ni de verbe ni de pronom personnel. De façon pratique, on distinguera toutefois différents types de temps : le futur proche (vocabulaire descriptif), le présent flou et le présent immédiat (vocabulaire déclencheur).
Notes
La description des notes se fait par l’usage d’idéophones permettant de définir l’ensemble des notes chromatiques sans distinction des altérations en dièse ou en bémol (i.e. la même description est utilisée, par exemple, pour Do# et Réb, etc.). On dispose ainsi de douze idéophones permettent donc de définir chacune de ces notes. On notera toutefois un problème hérité des instruments transpositeurs. Pour un même doigté, certains instruments de musique produisent en effet des notes différentes. Pour tenir compte de cette difficulté, les idéophones sont définis par rapport à une note de référence qui sera différente suivant l’instrument concerné. Cette note sera le Do pour les instruments en Ut (l’ensemble des cordes, flûtes, hautbois, basson, etc.), Ré pour les instruments en Sib (clarinette, saxophones ténor et soprano, etc.), La pour ceux en Mib (saxophones alto et baryton, etc.), etc.). Un idéophone de fondamentale, à moins d’être inhibé par un autre élément de syntaxe, joue également le rôle de déclencheur. Il définit ainsi un temps présent, mais ce présent est flou puisqu’il ne définit pas, en soi, l’instant précis d’application.
Modes musicaux
La description de l’harmonie se fait en deux mots, le premier destiné à décrire le mode musical et le second à fixer la fondamentale. La description du mode se fait grâce à l’utilisant de gabarits. Il en existe quatre à ce jours, définissant les triades suivantes : mineure, majeure, diminuée et augmentée. Chacun est composé d’un radical de trois événements sonores, et répété deux fois. La description complète d’un mode sont obtenue par flexion de ce gabarit. Cette flexion est obtenue par l’utilisation de suprafixes qui viennent s’y superposer. Trois types de suprafixes sont possibles : montant, invariant et descendant. Superposés au premier exposé du radical, ils permettent de définir le second et le quatrième degré, le second exposé le sixième et le septième degré. L’usage du ton invariant laisse le degré indéfini.
Numération
Un système de numération est nécessaire pour définir une gamme de métriques suffisamment diversifiées. Deux idéophones correspondant à +2 et +3, et leur miroir par rapport à l'horizontal correspondant à −2 et −3 lui servent de base pour définir les premiers entiers naturels et relatifs. Les nombres sont obtenus par agglutination additive, par exemple :
0 = +2 −2 ;
+1 = +3 −2 ;
+2 = +2 ;
+3 = +3 ;
+4 = +2 +2, etc.
Et de même, pour les entiers négatifs :
−1 = +2 −3 ;
−2 = −2 ;
−3 = −3 ;
−4 = −2 −2, etc.
Par définition, +1 sert à définir une métrique avec tempo mais non mesurée, 0 l’absence de tempo, −1 la fin du morceau. Les entiers positifs définissent directement la métrique (+2 : métrique à deux temps ; +n : métrique à n temps). Il en est de même des nombres négatifs mais après un espace de silence (−2 : métrique à deux temps après deux temps de silence ; −n : métrique à n temps après n temps de silence). Le recours aux idéophones de numération jouent le rôle d’inhibiteur des éventuels déclencheurs à venir à l’exception de celui du tempo.
Tempo
Un seul et unique idéophone est proposé pour définir le tempo. Son rôle est tout à fait explicite puisqu’il permet la marque des quatre temps précédents l’instant du changement, soit 1, 2, 3, 4, (1). Le premier temps qu’il sert à définir après le 4 n’est toutefois pas nécessaire. La marque explicite des quatre temps n’est pas non plus obligatoire. De façon pratique, la marque du tout premier temps n’apparaît pas indispensable sur tempo lent (soit 2, 3, 4, (1) seulement), des deux premiers sur tempo très lent (soit 3, 4, (1)). De façon similaire, la marque du 4ème temps n’apparait pas indispensable sur tempo rapide (soit 1, 2, 3, (4), (1)). Cet idéophone est un déclencheur mais aussi un désinhibiteur des précédentes inhibitions, conduisant au déclenchement de toutes les actions précédemment lancées au futur proche. Il s’agit aussi d’un marqueur très précis du temps, il marque le présent immédiat.
Autres paramètres
Un réservoir lexical permet d’agir sur d’autres paramètres telles que les nuances, les accélérations/décélérations, etc. A moins d’être utilisés dans une zone inhibante, ces idéophones sont des auto-déclencheurs au présent flou.
Syntaxe
La syntaxe des phrases est assez importante puisqu’elle permet à la fois de définir les changements tout fixant un certain niveau de conservation. Les phrases les plus simples s’obtiennent par l’énoncé d’idéophones auto-déclencheurs. C’est notamment le cas des idéophones qui servent à décrire une fondamentale par l’énoncé de l’intervalle à une note de référence. Cet énoncé fournit ainsi la fondamentale du nouveau référentiel à venir tout en conservant tous les autres paramètres en cours d’utilisation (mode, métrique, tempo, nuances etc.). Des phrases de plus grand niveau de complexité sont obtenues en utilisant les idéophones non déclencheurs qui nécessitent donc l’usage d’un idéophone déclencheur. C’est le cas des gabarits modaux (mineur, majeur, etc.), qui permettent de définir un mode avec précision, mais nécessitent de définir la fondamentale pour déclencher une transformation complète de l’harmonie (mode + fondamentale). Par définition, l’usage de l’idéophone d’harmonie inhibe tous les idéophones auto-déclencheur à l’exception de la fondamentale, permettant la modification combinée de paramètres autres que l’harmonie (nuances, etc.). Les phrases de plus grande complexité encore peuvent être obtenues en utilisant les idéophones de numération qui inhibent non seulement les idéophones auto-déclencheurs mais aussi les idéophones non déclencheur, permettant la modification synchrone de tous les paramètres du référentiel, à un instant choisi.
Harmonie
Mode + Fondamentale ↓
Métrique
Métrique + Tempo ↓ [1]
Phrases complexes
Ordre de priorité d'inhibition:
Métrique >> Mode >> Fondamentale (ou autre)
Métrique + ( ... ′↓′ ) + tempo ↓ [1]
Liens
Liens internes
Liens externes
- Grille harmonique [1]
- Une présentation de la Grille Ouverte proposée dans Wikimonde [2]
- Une présentation de la Grille Ouverte remise en contexte [3]
Notes et références
<references/>
Umberto Eco, L'Œuvre ouverte 1965, version originale révisée de Opera aperta, 1962. Seuil, Paris. ISBN : 978-2-7578-5017-6
Pierre Sauvanet, L'improvisation entre création et interprétation, 2006, p. 163-176. In: L'imaginaire musical entre création et interprétation, Dir. Mara Lacchè, L'Harmattan, collection Univers musical. ISBN : 2-296-00128-9
Sylvain Mangiarotti, La grille ouverte, 2022, Editions Kaozic. ISBN : 978-2-9558364-0-8 [4]