Conjugaison

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Présentation

La conjugaison est un ensemble de flexions spécifiques au verbe (du moins, dans les langues flexionnelles). À l'instar de la déclinaison, elle fait varier l'apparence d'un nom ou d'un adjectif, selon le rôle qu'il occupe dans la phrase (sujet, complément...). La conjugaison fait varier le verbe selon :

  • la personne et le nombre
1re: celle(s) qui s'exprime(nt)
2me: celle(s) à qui on s'adresse
3me: tout le reste.
  • Le temps
Passé: le procès a commencé ou s'est déroulée précédemment
Présent: le procès est en cours ou se répète à l'époque actuelle.
Futur: le procès commencera ou sera terminée à un moment ultérieur.
  • Le mode

Les modes donnent un renseignement sur les modalités du procès: certaine, souhaitée, soumise à diverses conditions, ordonnée, incertaine, crainte, temporisée... ou bien, dans certains cas, le mode transforme un verbe en nom ou adjectif...

  • La voix

Donne une indication sur la relation qui lie le sujet grammatical avec le verbe: acteur, patient...

  • L'aspect

indique si le procès du verbe est révolue au temps exprimée par le verbe:

Imperfectif: pas terminé
Perfectif: terminé.

Types de conjugaisons

Variabilité selon les personnes

Dans certaines langues (elko, espéranto), les verbes sont invariables dans un temps donné et il est indispensable que le sujet, si ce n'est pas un nom commun ou bien un autre terme substantivé, soit apparent sous la forme d'un pronom personnel sujet.

Eo Mi skribas = j'écris; vi skribas = vous écrivez.
Elko Elo wami = tu manges; iro wami = nous mangeons.

Dans d'autres, à tous les temps et à tous les modes, la forme change d'une personne à l'autre, ce qui a l'avantage de pouvoir se passer d'un pronom personnel sujet, mais qui demande la contrainte de se souvenir souvent de davantage de flexions.

Lat.<ref>en fait, les terminaisons latines étaient, sauf exceptions (comme -SVM), assez stables: -O, -S, -T, -MUS, -TIS & -NT pour la voix active Ce qui changeait, c'était ce qui se trouvait entre le radical et cette terminaison!</ref>AMO = j'aime, AMAT = il aime, AMAMVS = nous aimons.
Vol. binob = je suis, binof = elle est, binols = vous êtes.
Avk: les terminaisons sont sans exception les suivantes: ’, l, r, t, c, d & v.

Enfin, certaines, comme le français, l'anglais et l'aneuvien, varient "plus ou moins", ce qui combine plus ou moins les avantages et (surtout) les inconvénients de chaque système, toutefois, les formes sont assez simple à retenir, le plus souvent (en anglais et en aneuvien, tout du moins):

Fr: Je, tu prends, il prend (homophone avec les deux précédents), nous prenons, etc...
Eng: I am = je suis, it is = il est, we, you, they are = nous sommes, vous êtes, ils sont.
Anv: Eg, o, a pùze; er, or, ar pùzer. = Je vais, tu vas etc...

Expression du temps

Le présent

le présent est, en général, une forme simple et unique dans la plupart des conjugaisons, en particulier, celle des idéolangues. Toutefois, dans certains cas, on a affaire, afin de faire face à plusieurs nuances (progressif, perfectif, répétitif, aoriste) à une, voire deux conjugaisons supplémentaires. On a ainsi, en anglais:

le présent simple (répétitif ou aoriste)
le présent progressif (formé du présent de to be plus le verbe consdéré au participe présent
le present perfect construit comme notre passé composé, mais considéré comme un véritable présent.
le progressive present perfect: combinaison des deux précédents.

L'aneuvien ne dispose que des deux premiers: le présent progressif est, comme en anglais représenté par le participe présent; le verbe être n'apparaît pas du tout.
L'elko n'ayant aucune conjugaison, le verbe paraît comme à l'infinitif.

Le passé

Alors que le français dispose (à l'indicatif, du moins) de cinq<ref>Passé simple, passé composé, passé antérieur, imparfait et plus-que parfait.</ref>formes pour le passé, certaines langues n'en disposent que d'une, voire deux (une par aspect), ainsi, en espéranto, la forme en -IS traduira aussi bien le passé simple français que l'imparfait.

Le futur

Conjugué d'un seul tenant dans la quasi-totalité des langues romanes<ref>Tout du moins, le futur simple</ref>, -OS en espéranto , -T-<ref>plus répétition de la voyelle du radical)</ref>en kotava, O- en volapük.

Conjugué à l'aide d'auxiliaires ou de particules en anglais (shall/will + infinitif), en allemand (werden, conjugué + infinitif) en russe (быть, conjugué + infinitif)<ref>Du moins, pour les verbes imperfectifs</ref>, en aneuvien (mir ou auk + verbe à l'indicatif), en elko (wudu + infinitif) en popiaro (ii, conjugué + infinitif).

Expression de l'aspect

Selon les langues, le nombre d'aspects peut être très variables, de deux minimum<ref>... sauf en elko où le perfectif ne considère plus le mot comme un verbe, mais comme un adjectif.</ref>à une multitude ( + inchoatif, terminatif, perfectif, accompli, répétitif...) la plupart regroupés (accompli/perfectif) ou bien faisant appel à des verbes ou des locutions si une forme grammaticale n'est pas disponible: commencer à... se mettre à... avoir fini de... être en train de... En gros, on repère au minimum deux aspects: soit le procès est terminé pour le temps considéré, soit elle ne l'est pas (resp. perfectif et imperfectif), éventuellement trois, représentés de la manière suivante:

  • Imperfectif: temps simples dans les langues romanes et en anglais (répétitif), futur composé en russe...
  • Perfectif: faisant appel à des verbes distincts (langues slaves), à des temps composés, formés d'un auxiliaire et du participe passé du verbe pour beaucoup de langues romanes, en anglais<ref>On a en anglais, un futur en trois morceaux: will + have + "verbe"-ed</ref>, en allemand, en espéranto (vi estas skribonta) et en néerlandais, à la terminaison en -A pour l'aneuvien...
  • Progressif: présent notamment gràace au participe présent, avec (anglais) ou sans (aneuvien) verbe être ou bien représenté par une particule, comme en kotava (dun<ref>À ce titre, le kotava fait même une nuance entre le progressif:
dun estú = je suis en train de manger.

avec le continu:

wan estú = je suis encore en train de manger.</ref>).

Expression des modes

On tient, en général, un minimum de deux modes dans les langues les plus basiques, jusqu'à une demi-douzaine, embrassant toutes les modalités que peut comporter un verbe.

Infinitif

Presque toutes les langues disposent de l'infinitif (à l'exception du grec<ref>Celui de Mélina Mercouri, pas celui d'Aristote.</ref> qui a pour référence, le subjonctif, ou encore le kotava), lequel tient place de référence dans le dictionnaire (en latin, c'étaient les deux première personne du présent de l'indicatif, puis l'infinitif, puis la première personne du parfait (toujours de l'indicatif) actif, puis le participe parfait passif: LEGO LEGIS LEGERE LEGI LECTVS). Ce mode tient place, également<ref>Du moins en français: en anglais et en aneuvien, c'est le participe qui assure ce rôle.</ref> de nom dans des expressions du type:

Travailler est un bien grand mot: disons qu'il a signalé sa présence.

Indicatif

L'indicatif est le premier mode qu'on apprend à l'école (quelle que soit la langue), dès lors qu'on cesse de parler "p'tit nèg"<ref>Expression péjorative qui tire ces racines dans la colonisation et l'esclavagisme et dont l'usage vint, en première initiative des propriétaires des plantations: « Toi planter bien droit sinon moi pas content! »</ref> et qu'on se met à accorder le verbe avec le sujet. L'indicatif représente une réalité, ou bien considérée comme telle:

Il pleut.
La nave va = Le bateau va.
You were there yesterday. = Vous étiez là hier.
O sluten ed tempes! = Tu perds ton temps!
Se si rimane, lascio = Si tu restes, je pars.
Il aura eu un empêchement.
Tu prendras le papier-cul par paquets de 24.

On constate, dans ces trois derniers exemples, que l'indicatif déborde largement de ses prérogatives et qu'on le voit remplacer, respectivement, un conditionnel (la proposition subordonnée est une proposition conditionnelle), un subjonctif (fait non avéré) et enfin, un impératif.

Les modes de l'hypothétique

... à l'intérieur desquels on peut y caser le conditionnel, le subjonctif, l'éventuel, le "p't'êt'ben-qu'oui-p't'êt'ben-qu'non", le "pourvu que...", le "pourvu qu'non" et autres nuances multiples qu'on peut trouver dans une langue naturelle ou une idéolangue.

  • Le conditionnel: temps ou mode?

Tout dépend des langues, certaines le placent comme simple "annexe" de l'indicatif espagnol ou bien du subjonctif (latin), d'autres, comme un mode à part entière. En français, il est utilisé sous les deux casquettes: comme temps en tant que futur relatif (dans une subordonnée postérieure à une proposition principale à l'imparfait ou au passé simple), et comme mode de verbe d'une proposition principale dont la subordonnée (conditionnelle) est à l'imparfait et au plus que parfait. Compte (en principe) au minimum deux aspects: perfectif et imperfectif, représentés sous forme de temps: présent et passé.

  • Le subjonctif est souvent le mal aimé des idéolinguistes, notamment francophones ou anglophones: les premiers parce que ça leu rappelle des souvenirs éprouvants devant une page blanche ou le silence pesant d'un instituteur, les autres parce qu'ils considèrent ce mode comme tout-à-fait superflu (sauf pour « God save the Queen! »). Pourtant, il est utile dans bien des cas, quelle que soit l'appellation locale qu'on lui donne ("Konjunktiv" en allemand (y en a deux!)).

Le subjonctif est pourtant bien utile pour tout ce qui relève de l'appréciation du locuteur. Témoin, ces deux phrases:

J'attends un guide qui comprend le français.
J'attends un guide qui comprenne le français.

Dans le premier cas, on a un sens suivant: j'attends un guide, je sais qu'il va arriver, et coup de chance, je sais qu'il comprend la langue de Molière.
Dans le deuxième, je ne suis sûr de rien, je souhaite simplement tomber sur un guide qui parle ma langue (si ça peut s'avérer possible<ref>... dans un village d'une province reculée, en Corée du nord</ref>).

D'autres application de subjonctif (ou équivalent) sont également possibles:

Ils partirent tous, si bien que la salle fut vide.
Ils partirent tous pour que la salle fût vide.

Dans le deuxième exemple, la vacuité de la salle apparaît clairement dans l'intention de ses ex-occupants.

Comme l'ont montré les exemples précédents, le subjonctif est presque toujours confiné dans les propositions subordonnées (conjonctives (d'où l'appellation allemande) souvent, relatives aussi), aussi ne le trouve-t-on pas à la tournure interrogative<ref>Vraiment pas? Oh! si, en forçant un peu:

« Que je vienne avec toi à cette partouze de pervers? Non mais tu m'as bien vue!? »</ref>.

Parmi les idéolangues qui disposent d'un subjonctif en tant que tel, on pourra citer:

le volapük: -la.
l'aneuvien .


Le participe

le participe est un mode impersonnel très important dans la conjugaison, parce que, dans beaucoup de langues il participe à la conjugaison des aspects et des voix d'un verbe: ainsi, on peut trouver

Le participe passé: incontournable dans nombre de langues romanes, mais également en anglais, en allemand, en espéranto pour exprimer le perfectif.
Le participe présent, présent en anglais, en espéranto et en aneuvien pour exprimer le progressif.
Le participe futur, pour les langues qui en disposent, permet d'exprimer en un minimum de termes (au moins deux, verbe à conjuguer compris) l'inchoatif.

Sans autre verbe, il est notamment utilisé pour remplacer des propositions subordonnées relatives:

Je les vis s'en allant comme amant et amante... (J. Brel

Dans des langues comme l'espagnol, il est alors nommé gerundio. Toutefois, le gérondif en français (et en aneuvien), s'il s'appuie bien sur le participe présent, il est accompagné d'une préposition qui change tout le sens de la phrase:

Je l'ai vue en chantant, les pieds nus dans la boue.

L'impératif

Ce mode est un des fondements de la phrase impérative. Dans beaucoup de langues, il n'est conjugué qu'à un nombre limité de personnes et les "trous" sont comblés par le subjonctif présent, quand il est disponible...

  • Espagnol:

C'est du reste, le subjonctif qui remplace l'impératif en espagnol lorsqu'on veut exprimer non un ordre, mais une interdiction.

  • Anglais: Identique à l'infinitif, sans TO, pour la deuxième personne (unique dans cette langue). Pour la première personne du pluriel: précédé de let's.
  • Espéranto: l'impératif prend le pas sur le subjonctif et la synthèse se nomme "volitif", conjuguée avec le suffixe -U derrière la radical:
Foriru. = Partons.
  • Aneuvien: Remplacement du -A su subjonctif passé par un -T, retour de l'accent (et éventuellement de la voyelle longue) sur le radical et ajout d'un -E au trois personnes du pluriel. À l'exception de la deuxième personne du singulier (avec o), les pronoms personnels sont toujours mentionnés:
Dem hàltet = Arrête-toi.
Er ceente = Dînons.
Or kjas klosent àt tœrs. = Veuillez fermer la porte.
  • Kotava: Comme l'indicatif, mais sans pronom personnel et avec un point d'exclamation grammatical. C'est un mode complet à toutes les personnes et temps.
  • Volapük: Ajout d'un suffixe (avec trait d'union): -öd.

Les voix

Les voix (ou diathèses, pour les intimes) sont l'expression de la relation que tiennent l'actant, le verbe et le patient dans une phrase.

  • Si le sujet est actant et un complément d'objet (s'il existe) est patient, on a affaire à une voix active.
  • Si le sujet est patient et le complément (dit "d'agent", s'il existe) est actant, le verbe sera à la voix passive.
  • Si le sujet et le complément d'objet représentent une même entité, à la fois actant et patient, c'est d'une voix réflexive qu'il s'agit.
  • Si le sujet (au pluriel) et le complément d'objet interagissent à la fois en tant qu'actant et patient, il s'agit d'une voix réciproque.
  • Il y a également une voix ergative quand le verbe, conjugué à la voix active a en réalité un sens réflexif: le chocolat fond.

Dans un bon nombre de langues, c'est la voix active qui sert de référence (pas d'auxiliaire, pas de particule) par une conjugaison simple: d'un seul tenant: Levez cette poutre!

Les voix réflexive et réciproques se confondent en français (conjugaison avec les pronoms personnels nous, vous, se) mais

ni en latin (INTER SE)
ni en anglais (one another & each other/oneself)
ni en aneuvien (aṁb/dem)
ni en kotava (va sint)

La voix passive est, dans bien des langues<ref>Notamment les langues romanes mais aussi l'anglais, l'allemand, l'espéranto...</ref>, exprimée de manière composée, avec le verbe être dans le temps voulu, puis le verbe concerné au participe passé:

La città è stata presa in tre ore = La ville a été prise en trois heures.
La libro estas skribato = Le livre est écrit.

Cette construction, assez lourde, est également sujette à des ambigüités: ainsi, la phrase "on ouvre la porte" décrit une action, celle de quelqu'un qui ouvre une porte (présent). Dans son pendant passif "la porte est ouverte", l'idée temporelle n'est plus la même: on évoque une porte ouverte, on imagine donc le procès déjà réalisé (si la porte est ouverte, c'est qu'on l'a ouverte, procès achevé, contrairement à "on ouvre la porte").

La construction latine était, en ce sens, plus simple (dans les deux sens du terme: forme verbale d'un seule tenant): MISSA DICITVR = On dit la messe, la messe est entrain d'être dite.

Les formes à particule (ou encore mieux: à affixe, comme en volapük: p(a)-), sont moins ambigües que les formes à auxiliaires car il n'y a pas de participe passé qui évoque, pour les langues qui en font l'usage pour cette voix dans les temps imperfectifs, une apparence perfective au procès.

  • Anv: çem + verbe<ref>Toutefois, on fera attention au temps du verbe</ref>.
  • Avk: zo + verbe<ref>Il existe également, en kotava, une voix à laquelle le sujet est "patient indirect" du procès décrit par le verbe: la voix complétive.</ref>.


Les tournures

On peut distinguer, en gros, quatre tournures que voici, selon le type de phrase:

Procès Phrase déclarative<ref>ou impérative, ou exclamative, toutes celles-ci pouvant bien sûr être amplifiées par des artifices d'empathie.</ref> Phrase interrogative
Positif T. affirmative T. interrogative
Négatif T. négative T. interro-
négative

Tournure négative

La plus simple, en principe, à rédiger, puisque, dans la plupart des langues, une seule particule à ajouter suffit. Devant ou derrière le verbe; il peut même arriver que le choix existe.

Es, it: non + vb
Pt: não + vb
Po: nu +vb
Dk: ikke (vb dvt ou drr, selon la phrase)
Slo, eo, elko: ne + vb
Pl: nie + vb
Anv: nep (vb dvt. nep + vb si emphatie ou impératif)
Avk: me + vb<ref>amplifiée: vol + vb</ref>
Uro: vb + ne
vpk: no + vb

Encore plus de langues dans le wiki Unilang (texte explicatif en anglais)

L'anglais, justement, est une langue assez compliquée en matière de négation; dans la mesure ou vb + not ne marche que pour les auxiliaires to be, to have<ref>et encore, en anglais US, on dit plutôt They dont't have.</ref> et les verbes comme can, must & may. Sinon, au présent simple (?) co!mme au prétérit (indicatif) ainsi qu'à l'impératif; on se sert de l'auxiliaire to do au temps demandé, devant le verbe à l'infinitif soulagé du to:

I don't think so = je ne pense pas.
She did not work = Elle ne travaillait pas.
do not piss in the aquarium ... les poissons n'apréciraient pas!

Aux autres temps (les temps à auxiliaires & à particules), c'est moins compliqué: on cale not entre l'auxiliaire ou la particule et le verbe (au participe passé ou à l'infinitif:

They have not laughed = Ils n'ont pas ri.
It would not roll = il ne roulerait pas.

Le français se distingue également, avec deux particules encadrant le verbe, à tous les modes, excepté l'infinitif, où les deux perticules, voisines, précèdent le verbe.

N'entravez pas la marche des dispositifs de sécurité.
Ne pas dépasser la dose prescrite.

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