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Le vase brisé
- René Armand François Sully-Prudhomme (1839-1907)
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EMPAYAN TRIG
Trig lize bata skapra awalker
Ve zo ruelgavordavon vanempar ;
Vordava va in lanon ve vwalamar :
Mek lor va in al razdur.
Voxe waniemeks,
Va vewuk kotvielon bugdas,
Merowinon ise muson
Vaon vion al anamear.
Fedafa lava tantanon al belaxar,
Imwatcavo al puskewer ;
Metan kalion vantrakur,
Me uzal, in tir empayan.
Fereon dere renana nuba,
Va takra vwalason vaon wanier ;
Aze takra miv ludzewer,
Renimwa xonukar ;
Ware dokotaf varze tamaviteem,
In peztaler da tiguaf is aludevaf bakaks
Atrir ise omon ikuzar ;
Tir empayan, me uzal.
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LE
VASE BRISÉ
Le vase où meurt cette verveine
D’un coup d’éventail fut fêlé ;
Le coup dut l’effleurer à peine :
Aucun bruit ne l’a révélé.
Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D’une marche invisible et sûre,
En a fait lentement le tour.
Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s’est épuisé ;
Personne encore ne s’en doute,
N’y touchez pas, il est brisé.
Souvent aussi la main qu’on aime,
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;
Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n’y touchez pas.
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