|
|
Les yeux
- René Armand François Sully-Prudhomme (1839-1907)
|
ITEEM SE
Faltaf ok ebeltaf, kot alban, kot listaf,
Meotaf iteem se va vanawalt al wid ;
Koe naboxa yo kenibed
Vexe awalt ware malmadawer.
Miel se lozijnaf dam afiz yo
Va meotaf iteem se vecayad ;
Bitej yo ware jebed
Ise iteem se al tuizgawed.
Ox ! Va disuk al co-drasuyud,
Me, me, batcoba me rotisa !
Konlize al rwoded
Van yoltane merowine ;
Dum titalasa koca yo
Va min bulud voxe koe kelt zavzad,
Etcu yo va senhara digid,
Vexe volageltafa da awalked :
Faltaf ok ebeltaf, kot alban, kot listaf,
Fenkuyun van kon vanawaltap,
Kaike naboxa yo
Buden iteem se ware wid.
|
|
LES
YEUX
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
|
|
|